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ANTHOLOGIE NÉO-ROMANTIQUE

1831 parurent, sous le voile de l’anonymat comme on disait alors, les Rimes légères dont bientôt on sut l’auteur. Cette fois sur le front d’Archiloque c’était le bonnet de coton du « chantre de Lisette ». Puis il ne fut même plus intéressant dans le grotesque. Il voyagea. Il mit chez le libraire quelques nouvelles satires (Satires et Chants, 1853, Satires, 1865), quelques nouvelles chansons et radotages en vers imités des anciens et des modernes (Silves, poésies diverses, 1864). Mais en vain substitua-t-il sur la couverture le titre glorieux de « l’auteur des Iambes » à son nom, nul bruit n’eut lieu alentour. — Il était complètement oublié, lorsque vers la fin de 1869, pour faire pièce à leurs collègues gouvernementaux, les Académiciens de l’opposition s’avisèrent de l’introniser parmi eux. Souvent l’Académie procure deux résurrections aux Immortels : une lorsqu’elle rappelle au public leur existence en annonçant qu’ils viennent de mourir ; une seconde fois lorsque leurs successeurs, après quelques mois durant lesquels on a eu le temps d’oublier ceux qu’ils remplacent et parfois eux-mêmes, viennent sous la coupole prononcer leur discours. Elle ressuscita Barbier quatre fois : d’abord quand il fut question de solliciter sa candidature (car on lui fit des avances) ; puis le jour où il vint prendre séance ; en troisième lieu lors de sa mort physique ; et enfin lorsque Mgr Perraud, évêque d’Autun, élu à sa place, fît avec une éloquence qui ne lui était pas coutumière, presqu’avec du style, son éloge. Lorsque la compagnie apprit de deux ou trois de ses membres qu’Auguste Bar-