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EUGÈNE LANGEVIN

zare, groupe de poèmes qu’il en rapporta et où il raconte ses impressions sur le mode lyrique, est une fort belle chose.

Après il recommença d’écrire sans verve. Il publia en 1837 des satires nouvelles. En 1838 il composa avec Léon de Wailly le livret d’un opéra, Benvenuto Cellini, qui ne survit que par la musique de Berlioz. De 1841 à 1843 il fît paraître Chants civils et religieux, Rimes héroïques. Il redevenait de plus en plus ce qu’il avait été avant le coup de soleil de juillet 1830 : un de ces lettrés séniles avant l’âge besognant à des exercices de vieil académicien, et qu’on appelait jadis des hommes de goût sans prendre assez garde qu’ils s’ôtent, par leur manie d’écrire, le droit d’être ainsi nommés que leur mérite leur amour des grands auteurs. Le génie de M. Viennet s’était abattu sur lui et l’enlaçait chaque jour davantage : le chapeau haut de forme et la redingote de M. Legouvé s’esquissaient sur cette tête et autour de cette stature où l’on avait vu planer et flotter une Euménide. En 1848, au lieu de faire écho à la fusillade par des Iambes comme en 1830, il donnait une traduction en vers très ennuyeuse du Jules César de Shakespeare. L’on s’amusait de sa chute dans le bonasse, et, si j’ose dire, dans le mollasse. On doutait plaisamment de l’état-civil de La Curée. Celui-ci disait qu’en l’écrivant Barbier n’avait pas su ce qu’il faisait. Un autre l’attribuait à Brizeux. Il a assassiné un voyageur, disait Mme de Girardin, et il lui a volé sa valise. C’est dans cette valise qu’il a trouvé les Iambes. — Mais ce fut bien pis lorsqu’en