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EUGÈNE LANGEVIN

une terrible et subite indignation étreint cette âme tout à l’heure si dilatée et en fait jaillir un flot de paroles tellement brûlantes et brillantes qu’il en est lui-même stupéfait. Il écrit d’une seule course de plume, sans rature, La Curée, et la porte à la Revue de Paris. Depuis qu’Agrippa d’Aubigné, l’admirable vieux reître huguenot, l’a tendue de sa main gantée de fer, jamais la langue française n’a été bandée avec cette énergie. Louis Véron publia la pièce ; non sans des réserves. « Nous sommes loin, dit-il, dans un style…, d’approuver le poète dans le fond et dans la forme de ses idées. Nous croyons que, même dans le but véritable de l’art, la satire et l’indignation ne suffisent pas pour légitimer un choix d’images et une crudité d’expression qui touchent quelquefois au cynisme. » Dans le même numéro il a soin de conclure l’article de tête sur les Trois Glorieuses par l’éloge du « chantre inspiré des douleurs de la patrie », le jeune auteur des Messéniennes. Et il donne plus loin de Casimir Delavigne une élucubration très Casimir delavignarde, sans doute pour montrer que si elle a bien voulu imprimer La Curée, la maison n’en reste pas moins fidèle à la belle poésie.

Debout, mânes sacrés de mes concitoyens !
Venez, inspirez-les, ces vers où je vous chante.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quel est-il ce guerrier suspendu dans les airs ?


Les lecteurs trouvent le dithyrambe de Casimir admirable, bien entendu ; mais ayant lu les pre-