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ANTHOLOGIE NÉO-ROMANTIQUE

propriété souveraine qu’il ne tienne de Leconte de Lisle : il n’a fait qu’y mettre un peu plus d’élégance et de brièveté. On a raillé le « Zeus », le « Kraiter », les « bobres madécasses » des Poèmes barbares : on peut tourner en ridicule « la sonore biva » des Trophées ; on ne peut pas ne pas rendre hommage à la beauté de leur français pur, choisi, solide, noble, non disparate et « sans race », si je puis ainsi parler, comme celui des romantiques, Vigny et Musset exceptés.


AUGUSTE BARBIER


… Il est en province lorsqu’éclate la Révolution de Juillet 1830, et c’est seulement le 1er  août qu’il revoit Paris.

Paris si magnifique avec ses funérailles,
Ses débris d’hommes, ses tombeaux,
Ses chemins dépavés et ses pans de murailles
Troués comme de vieux drapeaux.

Aux récits des journaux, à la légende orale vite faite, il a frémi d’un enthousiasme civique et libertaire ingénu mais magnifiquement noble. Puis, devant les bourgeois démagogues qui tout de suite se sont empressés à courtiser le peuple victorieux avec la même bassesse que d’autres avaient fait le roi, son cœur honnête a un sursaut extraordinaire :