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ANDRÉ JOUSSAIN


Dressant sa fumante crinière,
Une autre approche dont la voix
Et la lumineuse poussière
Se précipitent à la fois.

L’onde glisse et revient sans cesse.
Ces flots, l’un pour l’autre oubliés,
Ce sont les jours de ma jeunesse
Stérilement multipliés.

Vagues qu’une autre vague emporte,
Je vois avec leurs noirs reflux
S’enfuir les espérances mortes
Que rien ne ramènera plus.

Et j’écoute en ce flot qui tonne
Sans s’interrompre ni finir
Tomber le marteau monotone
De l’inexorable avenir.


NOCTURNE


La nuit assombrissait les arbres. Les allées
S’obscurcissaient au loin dans le parc endormi,
Et vous m’apparaissiez sous les calmes feuillées,
Par un rayon de lune argentée à demi.

Votre regard sur moi s’attardait davantage,
Mon âme qui croyait vos yeux indifférents
L’évitait, et mes yeux emplis de votre image
Se détournaient de vous dans l’ombre, tristement.