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ANTHOLOGIE NÉO-ROMANTIQUE

Des nuages couvraient le ciel ; mais par moments,
Le soleil s’y montrait ; le calme firmament,
Et la mer aplanie, et l’eau pacifiée
Riaient à l’atmosphère enfin purifiée.
Polissant la falaise aux luisantes parois,
La mer sur les écueils jetait des flots plus froids.
Le brouillard qui flottait vaguement sous les nues,
Echarpe grise errante autour des cimes nues,
Lentement condensé dans l’espace béant,
Tomba, camail de neige, au front des pics géants.
La neige s’effrondrant en brusques avalanches
Au fond de chaque cirque enfla sa nappe blanche,
Se durcit en cristal ; et des reflets d’acier
Se jouèrent au flanc des bleuâtres glaciers.
Des cours d’eau se cherchant à travers les montagnes
S’unirent ; leur déluge inonda les campagnes.
L’onde dont la vallée attentive s’emplit
Vers la mer attirée alla, creusant son lit.
Les fleuves, resserrés dans les plis des collines,
Roulèrent la douceur de leurs eaux cristallines,
Et par tout l’univers étendant leurs réseaux
Bercèrent sur leurs bords la chanson des roseaux.
L’herbe grandit. La brise y creusa son sillage.
Du levant au couchant la masse des feuillages,
Comme une sombre mer ondula sous les vents.
Et la Terre, enfin prête, attendit les vivants.