Sans mémoire des jours ardents à disparaître,
Sans désir, sans regret, sans doute, sans tourment,
Je vis, épanouie en mon enchantement,
Tout entière livrée à la volupté d’être.
Chastement, sous l’étreinte adorable du jour,
Mon cœur s’est dilaté sans espoir et sans rêve,
Et sentant affluer en moi ma propre sève,
J’ai savouré ma joie intime avec amour.
Nul n’a su le secret de ma chair parfumée.
Charmante, et sans les voir ouverte à tous les yeux,
J’ai fleuri sur ma tige à la chaleur des cieux,
Heureuse, indifférente à ceux qui m’ont aimée !
Plus loin, plus loin encor ! À des hauteurs sans fin,
D’autres amas, tissus aux lumineux dessins,
Superposent leurs larges toiles.
Plus bas s’étend encor leur empire profond.
L’espace formidable aux abîmes sans fond
Enfouit ses mines d’étoiles.