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AVANT-PROPOS

thie humaine qui emplit l’œuvre d’un Walter Scott, ni le sens épique de l’histoire qui anime La légende des Siècles.

Sur le poème épique enfin. Et nous pouvons insister sur ce point plus longuement que sur le précédent, puisque M. André Joussain nous a déjà exposé sa théorie du poème épique dans la préface des Chants de l’Aurore, en même temps qu’il nous donnait une première esquisse de ce qu’il entend faire en ce genre, avec le Poème de la Terre. Le chef de la jeune école néo-romantique estime que le poète épique doit être un croyant. Carlyle a remarqué fort justement que « les poèmes épiques des vieux âges, tant qu’ils restèrent épiques et furent capables d’émouvoir profondément, furent considérés comme des narrations de faits ». De la ce qu’il y a de <s. creux » et de « faux », d’après lui, « dans les dieux abstraits-concrets, évangéliques et métaphysiques » du Paradis Perdu. M. Eugène Langevin, dans son étude sur Heredia, exprime la même pensée en relevant les raisons qui ont empêché l’auteur des Trophées de produire un poème épique et l’ont forcé de laisser inachevés ses Conquérants de l’or. Or, s’il en est ainsi, la seule épopée que puisse rêver le xxe siècle est une épopée scientifique, dans le genre de celle qu’André Joussain veut réaliser.

Qu’un tel mouvement soit dans le sens des tendances de notre époque, c’est ce qui ressort, nous