qui se comprend aisément si l’on se rappelle que cette lettre manquait à l’origine dans le syllabaire japonais, où elle était remplacée par la lettre む mu, laquelle est encore d’un usage fréquent dans les poésies pour noter la nasalisation finale des voyelles.
Il n’entre pas dans le cadre nécessairement étroit de cette Introduction de rapporter toutes les règles qui constituent l’art poétique des Japonais. J’ai pensé qu’il suffisait quant à présent de faire connaître les lois prosodiques des pièces de trente et une syllabes, qui sont, comme je l’ai dit, les plus estimées parmi les indigènes. Il me paraît cependant nécessaire de mentionner quelques-uns des principes sur lesquels repose le choix et la combinaison des mots dans les poésies de cette espèce.
La pièce de vers dite uta doit renfermer en trente et une syllabes une idée à laquelle l’auditeur soit préparé par le premier vers et dont le second fournisse le dénoûment ou la conclusion. Le poëte s’attache ainsi à n’exprimer que ce qui est strictement nécessaire et évite avec soin de dire ce que l’esprit du lecteur peut avoir le plaisir de comprendre à demi-mot, sans être contraint cependant à un effort de nature à laisser du doute sur l’expression de la pensée. La pièce suivante, qui rappelle un quatrain célèbre de Victor Hugo[1],
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Livre, qu’un vent t’emporte
En France, où je suis né !
L’arbre déraciné
Donne sa feuille morte.