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XI
INTRODUCTION.

contestables sur l’introduction et le développement de la littérature dans les îles de l’extrême Orient. Zingou[1], mère de ce prince et son prédécesseur au trône des mikados, avait porté ses armes victorieuses jusque dans la péninsule de Corée. Ce fut de ce pays[2] que vint, en l’an 285 de notre ère, le célèbre Onine, auquel la tradition rapporte l’honneur d’avoir introduit au Japon l’usage des caractères idéographiques, ainsi que deux ouvrages célèbres des Chinois, les Dissertations philosophiques de Confucius[3] et le Livre des mille mots[4]. Ce même personnage est considéré par les lettrés japonais comme le père de leur poésie nationale[5].

Dès lors l’art de faire des vers ne cesse plus d’être cultivé au Japon, où nous le voyons fort en honneur au ve siècle de notre ère. À cette époque, Soto-ori-himé, femme de l’empereur Inkyô (412 à 453), se rendit célèbre par un recueil d’odes qu’elle composa

  1. Règne de 201 à 269 de notre ère.
  2. Du pays de Paik-tse, un des États qui existaient alors dans la presqu’île de Corée.
  3. En chinois : Lu’n-yu’.
  4. En chinois : Ts’ien-ts’-wen.
  5. Voici le texte et la traduction d’une pièce de vers de O-nin, qui est peut-être la seule qui ait été conservée de ce célèbre lettré coréen :

    Nani-wa-dzŭ-ni saku-ya ko-no hâna fuyu gomori,
    Ima-wa haru-beto saku-ya ko-no hâna.
    Dans le port de Naniwa, les fleurs des arbres qui doivent s’épanouir après l’hiver, maintenant que le printemps est venu elles fleurissent, les fleurs des arbres.

    O-nin est désigné en tête de cette pièce avec le titre de hyakû-saï gakû-si « le savant du pays de Paik-tse » (Corée).