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PRÉFACE.

ni des Parques, ni de l’urne du Destin, ni du nocher infernal ? Qu’un Arabe ou qu’un Indien veuille donc goûter le génie d’Horace, il ne leur suffira pas d’apprendre le latin, il leur faudra étudier les croyances, les mœurs, l’histoire de Rome et de la Grèce. Jusque-là ce livre qui nous séduit sera fermé pour eux.

Dira-t-on qu’il y a trop de mythologie dans le passage que j’ai choisi ? Prenons un poëte moderne, la difficulté sera la même. Qui ne connaît les beaux vers d’Alfred de Musset dans Rolla ?

Cloîtres silencieux, voûtes des monastères,
C’est, vous, sombres caveaux, vous qui savez aimer.

Oui, c’est un vaste amour qu’au fond de vos calices
Vous buviez à pleins cœurs, moines mystérieux !
La tête du Sauveur errait sur vos cilices
Lorsque le doux sommeil avait fermé vos yeux,
Et, quand l’orgue chantait aux rayons de l’aurore,
Dans vos vitraux dorés vous la cherchiez encore,
Vous aimiez ardemment ! oh ! vous étiez heureux !

Supposons qu’on traduise Alfred de Musset en japonais. Non-seulement aucune traduction