C’est d’avoir tant souffert quand le chariot germain
Écrasait, de sa double ornière, nos emblaves,
Que nous, ô jeunes gens d’aujourd’hui, restons graves
Et tristes, quelquefois, sur le bord du chemin.
Les Deux Sœurs. L’UNE a douze ans, et l’autre trente. Et je les vois comme deux sœurs. Dans la lumière transparente Et l’or de la journée en fleurs. La maison rit sous la ramure Géante des figuiers hindous, Où le vent du large murmure. Embaumé, douloureux et doux. Auprès des vagues tropicales Lourdes de clartés et d’encens, Brisant leurs volutes égales Sur les coraux phosphorescents. Les grandes palmes bruissantes Sur leurs têtes, languissamment, Au long des heures décroissantes, Disent leur infini tourment. L’odeur des roses de Lahore Rôde parmi les frondaisons ; Dans l’air vibre, triste et sonore, La plainte des quatre horizons. Avec des voix surnaturelles. Les jours de l’immortel été Qui tour à tour chantent pour elles Meurent après avoir chanté. L’une est blonde, et la flamme blonde Du soleil la coiffe de feux ; L’autre est brune, et la nuit profonde Est jalouse de ses cheveux.