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SÉBASTIEN-CHARLES LECONTE[1] 1865

La Mort des époux.

QUE l’Histoire ait inscrit, aux fastes du Portique, L’orgueil patricien de votre double nom, O couples qu’enseigna la vertu de Zenon, Et qui, devant César, vous souveniez d’Utique, Que vous ayez suivi, dans le sillon celtique, Le Tétrarque galate ou le Brennus sénon. Et n’ayez rien laissé derrière vous, sinon Deux cadavres liés dans la nuit prophétique ; Je vous envie, Époux ou latins ou gaulois. Ne sachant plus de Dieux, ne voulant d’autres lois Que l’austère devoir dont la foi vous marie, Dans l’oppidum arverne ou le forum romain. Et pour la liberté vaincue, ou la patrie. Morts, un poignard au cœur et la main dans la main. (Le Sang de Méduse.)

Mercure de France,


Pourquoi nous sommes graves.


 
Nos yeux se sont ouverts dans une aube d’alarmes ;
Les pas de la déroute et les lourds soubresauts
Des fourgons étrangers secouaient nos berceaux,
Les places s’emplissaient de prisonniers sans armes...

Ce fut un été rouge, et puis ce fut l’hiver,
Cet hiver où l’on vit tant de sang sur la neige,
Où toutes, l’une après l’autre, prises au piège,
Chaque ville tombait, comme marquée au fer.

  1. LECONTE (Sébastien-Charles), né à Arras en 1865 ; il visita l’Inde et la Polynésie, l’Amérique et l’Australie, et fut président de la cour d’appel à Nouméa. Depuis 1902, il appartient à la cour de Dôle. On lui doit : Salamine (1897) ; le Bouclier d’Ares (1897) ; les Bijoux de Marguerite (1899) ; la Tentation de l’homme (1903) ; le Sang de Méduse (1905) ; le Masque de fer (içn)-