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Lui porta à manger.
Elle ne mangea pas, ne but pas,
Notre Anna.
Notre Anna. « Catherine !
Quand est-ce que ce sera dimanche ? »
— « Après-demain. »
— « Après-demain. » — « Il faudrait bien
Faire dire les litanies
De saint Nicolas
Et donner quelque chose,
Car il semble que Marc soit en retard…
Peut-être en route
Est-il tombé malade, Dieu nous en garde ! »
Les larmes tombèrent
De ses yeux de vieille fatiguée,
À grand’peine elle put se lever de table.
« Catherine ! J’ai bien changé :
Je me traîne, je n’ai plus la force
De me tenir sur mes jambes.
Il est dur de mourir, Catherine,
Chez des étrangers, même dans une chambre bien chaude ! »

La pauvre femme s’affaiblissait,
Déjà elle avait communié
Et on lui avait administré l’extrême onction —
Ça ne la guérit pas.
Le vieux Trophime dans la cour
Marche comme un homme abattu ;
Catherine ne quitte pas la malade des yeux,
Elle est auprès d’elle jour et nuit.
Cependant chaque nuit les hiboux
Ne prophétisent rien de bon
Sur le toit de la dépense.
La malade tous les jours, toutes les heures,
Entendant à peine, demande :
« Catherine, ma fille,
Marc est-il revenu ?
Oh ! Je voudrais bien savoir
Si je peux l’attendre, si je le verrai,
Si je tiendrai jusque là ! »

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