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On enterra la vieille Nastia
Et c’est à grand’peine qu’on rappela à la vie
Le vieux Trophime. Il passa
Le mal maudit, puis s’endormit.
À la ferme le bonheur revint
De derrière le bois sombre
Pour se reposer chez le vieillard.

Déjà Marc va en tournée
Et à l’automne il ne passe la nuit
Ni sur le banc devant la porte, ni dans la chaumière[1].
Il faut faire en sorte de le marier.
« Mais avec qui ? » pense le vieux
Et il cherche conseil
Auprès de la servante. Celle-ci
Voudrait bien à la fille du tzar
Envoyer des marieurs : « Il faudra à Marc
Lui-même poser la question. »
— « Très bien, ma fille, nous lui demanderons
Et nous célébrerons les noces. »
Ils demandèrent, se concertèrent
Et Marc s’en fut chez des connaissances
Les prier de lui servir de marieurs.
Les gens retournèrent avec les essuie-mains
Et le pain béni échangé[2].
C’était une demoiselle de bonne maison,
Une fille si belle que même à un hetman
Elle n’aurait pas fait honte. N’était-ce pas
Une perle qu’ils avaient trouvée !

« Je vous remercie, dit le vieux,
Maintenant il faudrait savoir
Mener les choses à bonne fin,
Fixer le mariage religieux
Et les noces. Et encore quelque chose :
Qui chez nous servira de mère ?
Ma Nastia n’a pas vécu jusqu’ici… »
Et il se mit à verser des larmes.

  1. En Ukraine les jeunes gens du village en automne et en hiver ont l’habitude de passer les nuits ensemble.
  2. Ce sont les deux preuves que leur proposition a été acceptée (voir page 82).
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