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« Eh quoi ! dit le vieux, prenons-la, Nastia ! »
— « Prenons-la, Trophime,
Car nous sommes vieux, nous manquons de force
Et il y a l’enfant
Qui, quoiqu’il ait grandi,
A tout de même besoin
De quelqu’un qui s’occupe de lui. »
— « Oui, il en a besoin,
Car, moi, j’ai déjà derrière moi une bonne partie
De ma vie, Dieu en soit loué,
Et j’ai vieilli. Voyons !
Que demandes-tu, brave femme ?
T’engages-tu à l’année, ou comment ? »

T’engages-tu à l’année, ou comment ? » — « Et que donnez-vous ? »

— « Ma foi ! il faut savoir,
Il faut, ma fille, compter l’argent,
L’argent qu’on gagne.
On le dit : Celui qui ne compte pas — n’a pas.
C’est ce qui manque, brave femme :
Tu ne nous connais pas
Et nous ne te connaissons pas ; tu vivras
Chez nous, tu verras comment ça s’y passe,
Nous, nous verrons ce que tu sais faire
Et d’après cela nous fixerons tes gages.
N’est-ce pas, ma fille ? »
N’est-ce pas, ma fille ? » — « C’est bien, petit père ! »
— « Entrons dans la maison. »

Ils s’entendirent bien. La jeune femme
Était heureuse et gaie,
Comme si elle eût épousé un seigneur
Ou acheté des villages.
La voilà dans le ménage, à la basse-cour,
Auprès du troupeau
Tant le soir qu’à l’aube,
Et de l’enfant
Elle s’en occupe comme une mère :
Les jours de semaine comme le dimanche
Elle lui lave sa petite tête,
Elle lui met une chemisette blanche
Tous les jours que Dieu fait.

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