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ANTÉE

à leurs jupes un gosse fatigué, s’arrêtaient aux étalages de pâtissiers. Un bataillon de fillettes, aux chapeaux de premières communiantes, suivaient, le gros vicaire qui soufflait, le tricorne à la main. Des couvents d’orphelines en robes bleu de ciel marchaient derrière les nonnes aux ailes effarées...

Des couples d’amoureux parcouraient les avenues solitaires, toutes pleines du parfum des seringas ; parmi les arbres, s’entrevoyaient des villas pour communautés de vieux ménages riches... D’autres s’accoudaient au parapet du viaduc jeté sur la Petrusse : sous eux, des hommes travaillaient dans les jardins chauves qui dévalent vers la rivière. D’autres enfin allaient contempler consciencieusement un passage crépusculaire où se serraient les uns contre les autres les toits d’un doux gris bleu mouillés par la pluie, les cheminées de tanneries de Grund, PlafFenthal et Clausen ; les tons dégradés, les verts, les jaunes et les roses fanés de ces vieilles maisons dont les pieds baignent dans l’Alzette ; et, reliant deux tours massives, ce pont où devisaient deux hommes minuscules. Avec l’odeur des fanes brûlées, mon­taient dans le soir l’aboi des chiens, le claquement des battoirs, des accords de choral...