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ANTÉE

C’est encore, le premier lundi de mai, la célèbre procession du Saint-Sang. Elle promène par les rues de Bruges le reliquaire de Jan Crabbe que l’on enlève à la paix délicieuse de la petite chapelle où il repose entre une Descente de Croix de Gérard David et de curieux volets peints à l’œuf.

Vers la Trinité, les célèbres marches de Gerpinnes, Walcourt et Cosses rassemblent chaque année vingt mille pèlerins de l’Entre-Sambre et Meuse. Les amuse particulièrement l’état d’ébriété prononcée dans lequel tombent les sicaires du cortège, affublés de costumes hétéroclites.

Nous ne pouvons ici raconter les délicieuses légendes d’amour et de foi qui sont à l’origine de ces processions admirables. Contentons nous d’op­poser au mysticisme farouche qui sévit à Dieghem , Hal et Montaigu “ cette grâce wallone, sentimentale et mystique, qui, aux couronnes qu’elle tresse pour les saintes, entremêle le sang des roses amoureuses”... Ces termes charmants et judi­cieux sont de M. Camille Lemonnier à qui la procession de Furnes inspira son meilleur livre, son livre : le Petit Homme de Dieu. Si tu veux en connaître la date, regarde dans le “ grand double almanach de Liège pour l’an de grâce 1906.”

Le bon vieil almanach, à couverture jaune,