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LA VIE DU PEUPLE
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adorable que l’on pratique encore de ci de là. Liège a pour ses fêtes de paroisse, les cramignons joyeux. Mons exhibe le dimanche à midi le car d’or de Sainte-Wandru puis le combat de Saint-Georges et du dragon vert autour duquel virevoltent les chinchins, les diables grotesques. Le Borinage conserve pour ses fêtes de quartiers, les capitaines, officiellement choisis comme boute-en-trains : ils revêtent une redingote correcte, qui les fait souffrir ; ils arborent un impeccable chapeau de soie ou un bicorne empanaché, et, balançant une canne blanche avec des grâces de tambour-major vont, précédés d’une musique bruyante, chercher la Dame de place, une fillette habillée de rose et fleurie. La veille, ils ont planté devant la porte de la Dame, le sapin vert.

Il y eut jadis l'Alion. L'Escouvion, lui, subsisterait encore dans un quartier de Wasmes, à deux pas du bois de Colfontaine et de la Belle-Maison qu’habita Fénélon. Vers la Saint-Jean, on jette des brandons allumés dans les arbres en fleur, à seule fin d’en chasser les mauvais esprits qui pourraient compromettre la récolte. Des rondes se forment autour des vieux poiriers, des vieux pommiers et voici la curieuse prière com­minatoire que profèrent de jeunes bouches :