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ANTÉE

Aziata, San Giuseppe, Ottojano, on se contenta de devenir fou... On évoque aisément quelle fut l’épouvante de ces Napolitains sensitifs que la soudaine présence du malheur stupéfie toujours. On entend le chœur généreux des lamentations italiennes hyperesthésiant la douleur, exaltant l’horreur du sinistre. La nue opaque, dont la couleur glace l’âme, pèse sur l’azur du golfe élyséen ; des lueurs sanglantes battent de l’aile sur les beaux roses des façades, cuits par le soleil, ou au flanc des collines de soufre ; la pluie de cendre rouge fait s’écrouler les toits.

Telles pages de récits dramatiques signées Agence Havas méritent de passer à la postérité :

...“ Dans les rues, on entend le bruit de mil­liers de pas, le souffle de toutes les poitrines harassées et les cris de terreur de femmes et d’enfants apeurés..... ”

...“Des processions de fugitifs traversent les rues, priant à haute voix, portant des cierges allumés, des croix et des tableaux...... Des prisonniers ont brisé les portes des prisons, mais les soldats les ont empêchés de fuir....”

Ah ! les malheureux croyaient venue la fin du monde. Ils se hâtaient déjà vers le Juge­ment dernier.... Tout continuait pourtant puisque