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ANTÉE

gonfler par le préambule mon importance, je vous parlerai d’Aujourd’hui.

« Le Temps présent, écrit ce sage frénétique, au début du pamphlet qui porte ce titre, le Temps présent, dernier né de l’Éternité, fils et héritier de tous les temps passés, de ce qu’ils avaient de bon et de mauvais, et père de tous les temps à venir, est toujours une « Ère nouvelle » pour le penseur ; et toujours, quelque banal qu’il paraisse, il nous vient avec de nouvelles questions et de nouvelles significations : le connaître, et savoir ce qu’il nous dit de faire, est toujours la somme de la science pour nous tous. »

Un charmant jeune homme blond de mes amis inventa le jeu de demander à Nietzsche conseil à tous les instants de sa vie. Qu’il s’agisse de décider du talent ou de la nullité d’un tel, de choisir un menu, de résoudre un problème de morale, ou de pronostiquer le résultat d’élections prochaines, il ouvre au hasard une des traductions Henri Albert et lit… Au milieu du chapitre, au milieu de la phrase, peu importe… Nietzsche, pour son disciple qui perçoit le sens caché des paroles, répond toujours à la question. Si j’usais de pareille fami­liarité avec Carlyle, je serais mieux servi encore. À quelque page qu’on ouvre ses œuvres, on trouve