Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/735

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
NOTES
717

Nous ne ferons pas de longs commentaires sur cette décision inouïe, prise à l’unanimité ! Qu’on sache seulement que cette œuvre fut préférée à la Joyselle de M. Maeterlinck. Qu’on y voie une indication de ce que perpétrerait l’Académie dont on veut nous doter. Il est vrai que si les deux derniers lauréats de ce concours furent MM. Verhaeren et Maeterlinck, les précédents avaient nom Potvin (couronné trois fois), Delmotte, Claes, De Conink, Leclercq et Van Zype.

La Chronique de Bruxelles (où chaque jour Bob signe un petit chef d’œuvre d’humour) publie une interview de M. Picard. Le lauréat s’est écrié : “ Faisons des œuvres belges ! Voyez Van Lerberghe et son Pan. Voilà une œuvre purement belge… ” Faust aussi sans doute. “ Et c’est joué par qui ? Par une troupe de Paris ! Cela devrait être joué par des Belges, cela devrait être joué par Ambreville…” Ce gros pitre de café-concert, préféré à Lugné, qui fut incomparable dans le rôle du sacristain… Ah ! cet homme est perdu !… Sa religion a parlé, entendez sa modestie : “ Le public n’est pas méchant ; qu’on lui donne une belle œuvre, qu’on ait le courage de la jouer ici, d’abord, dans son pays, et vous verrez. Tenez : Ambidextre a été joué à Ostende devant des salles combles… ” Simple remarque : les interprètes étaient Gémier et des actrices parisiennes.

Grâce à Me Colette Willy, grâce à M. Lugné Poë et ses camarades, Pan obtint en effet le succès, dont hélas le pauvre Van Lerberghe n’eut pas la joie.

“ Il importe, et l’auteur insiste sur ce point, écrit le poète en marge de sa comédie, que la nudité symbolique de Paniska soit respectée pour autant que les règlements de police ne s’y opposent pas. ” Or, Paniska, nue sous une peau de fauve, à Paris, portait à Bruxelles un maillot et une robe.