Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/726

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
708
ANTÉE

Il faut retenir le nom de M. Auguste Dupouy, dont je veux copier ce poème qui sent vraiment le vent du large et a un goût véritable et fort d’eau marine :

LE FOND

“ Le fond : effroi ! vertige ! Après quelques sursauts,
Un dernier souffle errant en bulle sur les eaux,
Au travers de la mer vitreuse et sépulcrale,
Les pieds joints, on irait, d’une chute en spirale,
Lentement, doucement, sûrement vers le fond,
Jusqu’à la nécropole invisible qu’y font
Entre vos murs rompus, vieilles villes damnées,
Les épaves, tribut des récentes années,
Les bois pourris, les fers tordus, les os poreux
Qu’a polis le ressac à les choquer entre eux,
Les carènes sans mât abritant dans leurs cales
Tout un peuple hideux de crabes et de squales,
De tenailles, de dents, de pinces, d’yeux quêteurs,
À vingt brasses fouillant les glauques profondeurs,
Embusqués dans l’espoir du naufrage livide…
Dieu ! Si ma barque allait se fendre sur le vide !

M. G.-R. d’Allonnes publie dans le même numéro une communication à la Société de Psycho­logie sur le diable Edmond qui tourmente une femme de Smyrne et que l’on tient en respect en