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JOURNAL DES LIVRES
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volontiers, et, émus, nous lui sourions. Verlaine, qu’aime ce poète, lui enseigna qu’il faut toujours mettre une sourdine au violon sentimental.

C’est en vain que j’aurai diversement chanté
Sa forme et son sourire,
Le souvenir et le reflet de sa beauté
Ne peuvent me suffire...

Quel charme dans cette plainte calme !
De nobles stances, dans la note grave, un peu
à la façon de celles de Moréas, annoncent une
poésie plus large et plus poignante :

Ô tristesse ! ma vie est-elle déjà morte
Que ce léger bonheur que je m’étais formé
S’en va comme une feuille et que le vent emporte
Tout ce que j’ai aimé !

Parfums, charmes, douceur, j’aurai joui de vous
Et mes Heures passées auront été plus belles.
Mais, hélas ! mon bonheur s’écroule sous tes coups,
Destinée éternelle !

Les yeux de mon amie étaient tristes et beaux....