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JOURNAL DES LIVRES
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de cette beauté, fille du Nord, qui promène ses voiles sur les eaux vertes du Rhin et parmi les rivages sans fin de l’éternelle Mer du Nord. Et jamais vous ne serez pour moi qu’une belle légende.

Il y a une grande recherche dans la langue qu’emploie M . Bossi. À un moment où la facilité devient une mode, une telle tension étonne : elle ne m’a point fatigué.

Avec cette volonté de faire beau, M. Bossi découvre parfois une incomparable pureté. Ainsi la Préface de son livre est un morceau incom­parable au point de vue de la construction des phrases et de la propriété des termes.

Amateur de toutes les beautés, j’ai souvent relu avec le plaisir du collectionneur tournant entre ses doigts une porcelaine rare, cette phrase, une des plus belles peut-être parmi notre littérature : “ Au moment de donner ici, ainsi qu’il l’attendit de mon maitié, ce monument de la sensibilité d’un jeune homme, par quoi le XIXe siècle, peut-être, prendra son sens le plus haut aux yeux de quelques amants, j’ose parfois errer jusqu’à ces rivages mélancoliques du doute, où les fantômes de l’âme poursuivent