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ANTÉE

vole dans l’air pur de l’inexploré, hors de nos communes précisions.

Ainsi, tandis qu’en nos esprits vulgaires Les Erreurs sont le recueil de quatre nouvelles, pour M. Bossi Les Erreurs sont un roman.

Roman de la pensée, au plus, et par cela même fort différent de cette petite nourriture que sont nos romans modernes.

Le ton, la composition, l’écriture de chacun de ces contes nous transportent en une atmosphère de rêve. Ce n’est pas la réalité, ce n’est pas le passé, c’est le pays où naquirent, fabuleuses, écaillées d’or, les licornes gardiennes des arbres où les fruits sont de pierre, et plus beaux pour cela. C’est la contrée, où vécut, bercé par de calmes images, un des plus grands poètes du dernier siècle, Edgar Allan Poë. Dernier refuge pour ces âmes qu’offusque la médiocrité intellectuelle des plèbes, littéraires ou autres, il n’est que par ces paroles que l’on entend le soir, tandis que monte au ciel pensif l’étoile du silence.

Doux pays de mystère, je vous connus seulement par les récits que nous en firent les amants