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JOURNAL DES REVUES
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Enfin, lourdaud tant qu’on voudra : je ne forcerai point, comme dit l’autre, mon talent. L’art d’Athènes, dit Barrès, est local et municipal ; or je suis d’une autre localité : par conséquent, je ne le vivrai point, je ne m’y exciterai point. — Fort bien : assurément l’art d’Athènes est local : on ne saurait le méconnaître sans ignorance. Encore ne faudrait-il pas dire “ municipal, ” car les échanges d’écoles eurent plus grande influence sur sa formation ; mais passons. S’il est local et très local, il n’est pas moins assurément universel. Il fallait donc, loin d’exciper du premier de ces attributs pour se refuser à vivre le second, s’augmenter de l’un par l’autre. Pourquoi le fallait-il ? Mais parce qu’en effet c’eût été fort aisé, puisque précisément ce que Barrès a fort finement senti dans le Grec, c’est tout ce qui le localise : il ne faillit à goûter en lui que le divin. Je comprendrais que le localisme lorrain de Barrès l’empêchât de pénétrer le localisme grec ; mais, ne l’empêchant pas, a fortiori l’universel demeure à notre étreinte.

Et c’est cela simplement que nous répétons sans cesse : ni le local ni l’universel ne se contrarient, mais ils se favorisent. Ceux qui ferment les yeux à l’universel pour cultiver le