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ANTÉE

vulgaire mais je l’écris, parce qu’il faut toujours écrire le mot juste, fût il brutal, qui à l’esprit s’impose), j’en aurai soupé dans un mois et je concilierai l’amour avec la misanthropie, en savourant d’interminables tête à tête silencieux, dans mon fauteuil, avec le livre. L’hiver est riche en joies... comme en souffrances. On n’a que l’em­barras du choix. Au studieux il apporte la distrac­tion des choses frivoles, au lassé-des-choses-frivoles la saine et délicieuse méditation. Mais maintenant ceci tente ma lèvre, cette boisson qui fume, l’âpre odeur et l’aspect folichon d’un whisky au soda. Buvons et que je me grise ! L’eau claire ensuite.

L’eau claire... Il ne faut pas que nous nous y trompions. Ce début d’hiver n’a pas de beau que son aspect. Belle femme sombre endiamantée, dont l’inconnu tente, elle n’est pas qu’une fête, une aventure, un risque. Elle pense, messieurs, et elle a un cœur.

Le whisky... Voitures ! vous descendez la Montagne de la Cour. Glissent silencieuses les roues caoutchoutées et claquent en cadence les sabots du cheval bien éduqué... Déboulé gamin des poneys du fiacre, au grelottement des sonnettes. Et la toux grave de l’auto, énorme et légère.