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LES ARTS ET LA VIE
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à faire, un mot à dire. Ensemble ils représentent, avec une poignante sincérité, dans ce décor que nous aimons : eux, notre ville et nous mêmes. Ah ! que l’homme est intéressant, et n’est ce pas que rien n’est plus passionnant que l’aimer ou le haïr, s’introduire dans son existence, vivre sa vie ? Et qui mieux connaître, plus aisément, plus exactement, que nos concitoyens ?

Vous me direz, ô puritain de la pensée, que c’est l’homme, non le concitoyen, qui en eux est utile... agréable à connaître. Mais c’est ici, dans son milieu habituel, sa ville, qu’il s’offre en spectacle.

Voisins et confrères, ne riez pas de cet esprit de clocher ; ne croyez pas me surprendre (cette fois-ci...) en contradiction avec moi-même. Si je me bouche les oreilles quand l’orchestre joue l’âme belge, c’est parce qu’il joue faux de méchants airs, des rengaines, d’hypocrites cantiques, d’inutiles ou nuisibles calembredaines. Mais je vibre comme sous la caresse des symphonies sublimes quand la saison, en un accord riche, naturel et émouvant, me réunit à ceux qui sont miens, à ceux dont je suis, à quelqu’une de mes familles : les Lettres, l’humanité, Bruxelles.

Dans un mois j’en aurai... soupé (le mot est