Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




LES ARTS ET LA VIE.


Avec la furieuse ardeur que l’on pourrait apporter à écrire pendant l’audition d’un deuxième acte du Tristan de Wagner, s’il était possible d’écrire quand une si intense volupté nous possède et nous domine, je voudrais faire jaillir de moi vers vous cette chronique, comme un joyeux appel à la guerre.

Guerre contre qui ? Nous verrons tantôt. J’aurai le temps de m’expliquer. Mes réflexions de ce dimanche sont mes prisonnières. Liées au poteau, je vais les entourer d’une joyeuse danse, les dénuder, les cribler de coups, vous les verrez saigner, crier vous les entendrez, avec la sincérité que permet seule l’approche de la mort.

Le chroniqueur ne peut pas, à chaque fois qu’il s’offre à vos yeux, inoffensivement broder sur un sujet, comme le cosmétiqueux conférencier en redingote d’une Matinée littéraire. Neuves ou non, il y a des paroles d’artiste, ou d’homme, qu’il se doit de prononcer. Après avoir cité Carlyle, comme en épigraphe, et sans davantage prendre l’air de