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LES ARTS ET LA VIE.


Quand, au premier crépuscule d’Octobre, nous voyons fiacres et coupés aux lanternes allumées descendre la Montagne de la Cour — le ciel est noir et toutes choses brillent, c’est bien cela, et nous humons avec volupté le premier froid — on retrouve en même temps l’Hiver et le Citadin. Attendri, et ce n’est pas ridicule, on salue les Bruxellois, et le Bruxellois éternel qu’on porte en soi. L’été nous emporta au long des paysages, où nous trempa dans le vert, ou, s’il nous retint de force près du foyer éteint, ne nous procura pas un instant le plaisir de la vie familiale de la cité. Tantôt nous nous promenions par notre ville natale comme des étrangers ; vide et qui n’était plus qu’un décor, nous la découvrions, nous l’admirions avec étonnement. Tantôt, car c’est l’ouvrier et le petit bourgeois qui y règnent en ces mois, nous nous complaisions à notre âme populaire nous offrant, par dessus le mur ensoleillé, des bouquets d’enfantins souvenirs. Et nous voici