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PETITES ÉTUDES D'HISTOIRE LITTÉRAIRE
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volonté, aiguillée vers un au-delà indifférent à notre réalisme.

C’est l’exact contre-pied du vers fameux de Boileau, où le premier en date de nos critiques a dit les premières sottises sur l’histoire de l’art dramatique. Loin d’être “ abhorré ” de nos ancêtres, le théâtre était pour eux le meilleur délassement, celui qui les arrachait le plus véhémentement à leurs soucis et à leurs affaires. Mais ce délassement, on l’a dit, se doublait d’un éveil de sensibilité, qui trouvait dans le thème le plus puissant des méditations humaines de quoi perdurer, sans trêve, au long d’une quinzaine de nonchaloir. Tout, d’ailleurs, était prévu et préparé pour entretenir l’exaltation de ces âmes abandonnées à l’instinct. La musique, le décor, la danse, une plastique dont se préoccupe déjà l’anonyme qui rima le drame d’Adam tout était mis en jeu et en scène pour empreindre formi­dablement ces êtres rudimentaires, qu’ont peint nos primitifs avec la gaucherie de leur geste et le sommeil de leur regard. C’est à quoi le directeur de l’Odéon, l’autre après-midi, ne pouvait songer, c’est à quoi son public ni ses artistes ne pouvaient atteindre.

M. WILMOTTE.