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PETITES ÉTUDES D'HISTOIRE LITTÉRAIRE
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chez lui, chaque scène et nous en résument le contenu ; il arrive même que la scène soit absente et que le récit en tienne lieu (1). L’imagination des auditeurs faisait crédit.

Ne le fait-elle pas encore ? Au temps de Lope de Vega et de Shakespeare, elle acceptait la sèche indication d’un écriteau pour remplacer le décor absent. Encore au XVIIe siècle, à Paris au Petit Bourbon par exemple, et même en ce Théâtre français, dont MM. Perrin et Claretie machineront la scène comme celle du Châtelet ou de l’Ambigu, la décoration simultanée sera seule de style. Elle consistera (le registre de Mahelot en fait foi) en des portants représentant l’un une prison, l’autre un navire désemparé, un troisième un lit d’alcôve, le quatrième un portique de Temple. Et il n’en faudra point davantage pour exalter le spectateur et l’associer à des actions


(1 ) Dans l’admirable drame d’Adam, plusieurs fois édité et analysé, entre autres critiques, par Moland, Sainte-Beuve et M. Sepet, on fait d’identiques constatations : “ Indépendamment des acteurs “ proprement dits, il y a un Lecteur et un Chœur, comme si on “ était dans l’église. Le lecteur lit de scène en scène en latin les “ versets de la Bible qui correspondent au développement du “ drame, et le chœur, avec accompagnement de musique sans “ doute, chante le répons.” N’oublions pas que dans nos grand’messes, il y a encore le récitant ou l’historien, qui remplit cette tâche...