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PETITES ÉTUDES D'HISTOIRE LITTÉRAIRE
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à deux reprises, admoneste la pécheresse et la détache, enfin, des liens séculiers. La revoici chez le marchand, qui demande un nard précieux pour oindre les pieds du Sauveur. Ainsi la même scène repassait trois fois devant l’œil écarquillé du public crédule des églises, sans qu’elle éveillât de la surprise impatiente ou de l’ennui. Mais nous, à qui les chanteurs d’opéra répètent quatorze fois dans La Juive :

Il va venir

ou bien

Éléonore, adieu !

dans l’insipide Trouvère, avons-nous le droit de nous gendarmer contre des naïvetés, conformes à l’esprit éducatif des mystères ?

Car le mystère est une leçon, plus encore qu’un spectacle. Il débute par un sermon et se clôt par un Te Deum. Il n’est pas rare que des prêches y soient insérés. Il devient ordinaire, dès le XIIIe siècle, d’y intercaler quelques uns de ces pieux débats qui sont les meetings contradictoires de l’époque. Synagogue y dispute avec Sainte Église, qui, toujours, sort victorieuse de l’escarmouche.