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PETITES ÉTUDES D'HISTOIRE LITTÉRAIRE
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encore, l’apparition de Jésus à Marie-Madeleine, qui, plus tard (dans le mystère de Tours) allongée de la scène de l’incrédulité de Thomas, conduisit le pieux spectateur jusqu’à l’anecdote des disciples d’Emmaüs.

Inversement, gagnant de proche en proche, on représenta la mort de Jésus, sa passion, son arrestation arbitraire et les lamentables incidents de sa comparution devant ses juges. Peu à peu il y eut tout un drame en vingt tableaux, là où, à l’Introït de l’Office, on ne découvre, d’abord, que le simulacre rudimentaire de trois prêtres, vêtus de la dalmatique et se dirigeant, d’un pas lent et mesuré, vers l’autel, qui masque un autre clerc, étolé de blanc. Le dialogue, à ce stade embryonnaire du théâtre religieux, ne consiste qu’en deux ou trois répliques, psalmodiées dans un latin rythmique. Puis dans le grondement des orgues, l’office com­mence, ou reprend s’il a été interrompu.

Longtemps cette façon de dramatiser l’histoire évangélique fut la seule tolérée. Le pittoresque n’y perdait rien, car l’imagination, contrainte d’un côté, s’échappait et se prodiguait de l’autre. On vit, dans la scène des bergers, l’étoile scintillante s’avancer au dessus d’eux vers l’autel où la crèche était dressée ; on vit les mages, suivis d’un nom-