Le spectateur du XIVe siècle se déridait-il à la vue de cette auscultation et à l’audition de ces plaintes ? J’en-doute un peu. La foi, qui soulève des montagnes, calme aussi merveilleusement, dans la conscience humaine, cette susceptibilité agressive du sens moyen, qui fait s’exclamer et ricaner les bourgeois devant n’importe quelle outrance. Toute la philosophie de ce théâtre peut se résumer ainsi : nul souci de la normalité, mais, avec des côtés de puérile indigence, des élévations qui transportent, jusqu’à perte d’haleine totale.
Cette philosophie serait, au surplus, assez anodine, si elle ne reposait sur le mystère évangélique. Il y a un Dieu caché dans le fond du sanctuaire, où se déroulent les épisodes naïfs, figurés aux yeux. Ce fut d’abord une visite au sépulcre vide de son précieux contenu, puis la rivalité de deux des disciples, cherchant à se dépasser mutuellement de vitesse pour atteindre les lieux où le miracle de la résurrection s’était accompli ; puis,
Anastasie, et tout donne à penser que ses mains flétries (ou coupées,
dans d’autres versions) ont été le symbole qui, par un ricochet
imprévu, a fourni l’appellation plaisante de la censure.