Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/688

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
670
ANTÉE

privilège, savaient très bien ce qu’ils faisaient en jouant Dieu et les saints.

Voulez-vous que nous allions interroger rapidement les témoins d’un art, qui n’est pas l’art de maintenant ? J’ai su que M. Antoine avait fait l’acquisition, chez son libraire, d’un exemplaire du livre récent de M. Cohen, Histoire de la mise en scène dans le théâtre religieux français du moyen-âge. C’est fort judicieux ; mais quelle peine inutile ! Déjà, en encadrant des piliers et des arceaux d’une cathédrale le drame mouvementé de Gréban, l’émi­nent imprésario a prouvé qu’il avait mal lu son auteur ; et je suis bien tranquille, en affirmant que ses artistes ne l’ont pas compris davantage. Une restitution fidèle de cette fresque vivante était impossible ; si elle était possible, elle répugnerait trop à notre goût.

Le mystère de Gréban n’est qu’une mise au point d’une œuvre plus ancienne, qu’on attribue à Eustache Mercadé. Plus fruste et aussi plus brève, cette œuvre, d’après des recherches nouvelles, serait le tronc vigoureux d’où aurait jailli l’abondante flo­raison des drames sacrés du XVe siècle. Mais dès le XIIIe siècle, et en tout cas, dès le XIVe siècle des