privilège, savaient très bien ce qu’ils faisaient en jouant Dieu et les saints.
Voulez-vous que nous allions interroger rapidement les témoins d’un art, qui n’est pas l’art de maintenant ? J’ai su que M. Antoine avait fait l’acquisition, chez son libraire, d’un exemplaire du livre récent de M. Cohen, Histoire de la mise en scène dans le théâtre religieux français du moyen-âge. C’est fort judicieux ; mais quelle peine inutile ! Déjà, en encadrant des piliers et des arceaux d’une cathédrale le drame mouvementé de Gréban, l’éminent imprésario a prouvé qu’il avait mal lu son auteur ; et je suis bien tranquille, en affirmant que ses artistes ne l’ont pas compris davantage. Une restitution fidèle de cette fresque vivante était impossible ; si elle était possible, elle répugnerait trop à notre goût.
Le mystère de Gréban n’est qu’une mise au point d’une œuvre plus ancienne, qu’on attribue à Eustache Mercadé. Plus fruste et aussi plus brève, cette œuvre, d’après des recherches nouvelles, serait le tronc vigoureux d’où aurait jailli l’abondante floraison des drames sacrés du XVe siècle. Mais dès le XIIIe siècle, et en tout cas, dès le XIVe siècle des