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PETITES ÉTUDES
D’HISTOIRE LITTÉRAIRE


L'Odéon a consacré la première de ses matinées littéraires à une modernisation du mystère de la Passion d’Arnoul Gréban. M. Antoine, dit-on, a bien fait les choses. Le choix des interprètes et le détail de la mise en scène ont été remarquables et remarqués. Une causerie de M. Nozière, que publie Le Censeur, a introduit spirituellement le public dans une action, qui ne ressemble guère à celles des pièces dont il fait son ordinaire pâture. Aussi le public étonné, puis troublé, s’est-il livré, selon son instinct. On raconte, avec un sérieux qui veut être précis, que M. Jean Richepin pleurait dans son avant-scène. Il s’était — miracle d’une métempsychose unique — refait l’âme bêlante d’un de ces moutons dont Panurge escomptait la docilité. Moindre fut l’effort, même inconscient, des spectateurs vulgaires ; un peu de l’âme du XVe siècle survit chez le Parisien badaud et folâtre ; les confrères de la Passion, une fois munis de leur