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À TRAVERS LES BRANCHES
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IL ÉTAIT TRÈS TARD…


Il était très tard, j’étais avec elle aux champs.
En tremblant je frôlais ses douces lèvres.
« Je veux les enlacements jusqu’à la douleur —
Sois avec moi sans pitié et brutal ! »

Fatiguée, elle implora doucement :
« Dorlotte-moi, laisse me reposer !
N’embrasse pas si fort et violemment.
Mets ta tête sur ma poitrine. »

Les étoiles sans fin scintillaient au dessus de nous,
La rosée fraîche sentait bon et fin.
Amoureusement mes moustaches frôlaient
Ses joues en feu et ses cheveux éparpillés.

Et elle s’oublia. Puis se réveilla,
Comme un enfant soupire et sourit,
Mais jetant un regard vers moi
Encore une fois elle se blottit sur ma poitrine.

La nuit dans le champ noir régna longtemps,
Longtemps je surveillai son sommeil précieux…
Et puis sur un trône d’or
À l’est furtivement s’alluma