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LES PERLES DU SILENCE


I
L’ÉCHO.

 
Mes sens ont bu les sons pendant cette journée,
Ont dans les sons baigné leur claire somnolence.
Beaux sons d’aube, encor frais du lunaire silence,
Sons de midi comme une âme d’or moissonnée,
Éparpillant sa chaude irradiance
Parmi les feux qu’un ciel de soufre élance…
Puis, le long soir, et ses oiseaux, dont loin le chant
Semble expirer là-bas dans le soleil couchant.
Maintenant, c’est la nuit tombée ; on n’entend rien.
Seul bouge un flottement profond, aérien,
Qui tremble en les torpeurs immenses de l’espace,
Esprit d’ombre, et qui sur nos chairs pensives passe.
Et l’on se dit, dans le silence et le frisson,
Que, métamorphosé comme un grand papillon,
L’Écho, qui réfléchit l’heure toujours nouvelle,
A de sa voix, qui mourait pâle, fait une aile.
 
Silencieux, je suis exprimé par cette aile.