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ANTÉE

l’accueil qu’il aurait dû. Je ne connaissais point cet auteur ; pour la seconde fois de ma vie j’acquis un volume de vers : la surprise, sentiment dont l’épais Briarée ne se sentit même point effleurer la peau, me fut précieuse, d’y trouver un aimable enrichissement de notre conception poétique du monde et un nouvel aspect de la beauté des objets concrets. Peut-être cette phrase du préfacier, M. Camille Flammarion, qui fut relevée, fit-elle tort à l’ouvrage : « Le temps n’est plus des naïfs refrains de troubadours, ni des fictions ingénieuses… »

Assurément, c’était mal en juger. N’a-t-on pas toujours tort lorsqu’on juge par « opposition » ? Que M. Allorge nous parle de l’ellipse, de la sinusoïde, du cône ou du cylindre, ses pensées sont fictions comme les autres. Elles ont cette naïveté qui ne saurait manquer au poète puisqu’aussi bien naïveté, c’est de voir avec des yeux neufs. Goûtez vous-même si cette nouveauté dans la vision n’éclaire pas ici, comme je l’ai dit, même le concret des objets.

C’est un poème sur la sécante :

Glaive plongé dans les poitrines,
Cognée au cœur du chêne dur,