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JOURNAL DES REVUES
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le briaréisme (je cède ce terme à M. Jules de Gaultier) introduit dans la critique. Idée à creuser : adoptée par les grands journaux elle simplifierait les difficultés que leur clientèle éprouvait à l’ingestion de chroniques littéraires aujourd’hui déracinées. À moins qu’au contraire... Briarée peut être considéré sous des angles divers. On pourrait faire, par exemple, la statistique des fautes de français en concordance avec les tables de la natalité ou celles du résultat des élections : je ne serais pas étonné que, par une inquiétante antinomie, les provinces où l’on obtient le plus d’enfants fussent aussi celles où sévit davantage le solécisme. Tout se paye, hélas ! C’est pourquoi le progrès est si lent, ou si peu probable. Tant de petits garçons par barbarisme ; tant de naissances en moins pour une belle... inversion. C’est à désespérer de la syntaxe, ou de nous-mêmes.

Si j’osais faire du briaréisme, je constaterais que le meilleur d’entre les livres de vers tout récemment parus (voilà une tournure qui laisse à ma phrase une convenable indécision) — c’est l'Âme Géométrique de M. Henri Allorge¹ que je veux dire — n’a pas reçu de Briarée

¹. Paris, Plon, 2 fr.