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ROBERT BUCHANAN
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ai trouvé dans un livre écrit en son honneur, appelé Robert Buchanan, le poète de la Révolte Moderne. J’y cueille que Buchanan était lui même un exemple des “ sublimes ” et “ divines ” vertus. Sa manie combative reconnue par lui-même était, dit-il, excès d’amour fraternel : “ Avec un cœur débordant d’amour j’ai recueilli pour moi seul haine et malentendu.” Quoi qu’il attaquât, il attaquait dans toute la sincérité de la colère, et sans doute la colère est le commencement de toute justice ven­geresse. Il a dit : “ J’ai tiré sur les vautours se mouvant en cercle dans le ciel, j’ai couvert de sar­casmes les corbeaux nourris de charogne, mais je n’ai jamais causé un soupir ni un sanglot dans le cœur d’une alouette ou d’un rouge-gorge, non, j’en ai nourri beaucoup de ma main et ils m’ont béni ” . Il n’y a guère d’écrivain contemporain qu’il n’ait attaqué, mais il est vrai qu’il revenait sur leur compte avec non moins de véhémence, avec un goût pour la palinodie qui rappelle l’impartiale oscillation du pendule. Attaquait-il une idée, c’était avec les meilleures intentions et en faveur d’une autre idée. S’il a parlé de Dieu en blasphémant, ce fût, nous assure-t-il, dans son zèle pour la religion, et lorsque “ il salua Madeleine ” dans une phrase fameuse, ce fut tout à fait pour la cause de la