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ROBERT BUCHANAN
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surabondante, essayé de prouver que je suis un homme au milieu des hommes, et non un simple littérateur. ” Et en effet sa carrière montre une activité non moins surprenante que surabondante. Il se prit lui-même tellement au sérieux qu’il considérait comme légitime de descendre “ à la besogne journalière ”; pensant, comme il nous le dit “ qu’il n’y a de travail grossier que celui qui l’eût changé en spécialiste ou en fat ”. Il ne douta jamais qu’il aurait pu être “ assis le ventre vide sur le Parnasse ” s’il avait tenu à occuper cette situation. Il se défendit peut-être sans nécessité de n’avoir pas agi ainsi : “ J’ai écrit, disait-il, pour tous les hommes et dans tous les goûts ” . Il prit le pain quotidien pour l’œuvre du jour, mais il n’en fut point satisfait. Depuis le premier, ses livres furent reçus avec une sérieuse attention. Ils furent examinés, souvent grandement loués, quelquefois très lus. Toutes les fois qu’il avait quelque chose à dire on l’écoutait. Toutes les fois qu’il s’attaquait à d’autres hommes ils lui faisaient la galanterie de lui rendre ses coups. “ Depuis à peu près une génération, se lamentait-il il y a dix ans, j ’ai souffert une incessante persécution littéraire. ” Hélas ! il est difficile de rendre justice à qui n’a jamais rendu justice aux autres. Mais persécution