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NUIT DE JUIN.


  
Ouvre ta fenêtre sur la campagne ;
Respire et sens :
La nuit est noire et lourde et sent l’encens
comme le drap des morts.
Pourtant l’été s’annonce à la crécelle d’or
des grillons qui vont proclamant dans l’herbe
que les foins sont las d’être là par gerbes.
Le parfum des foins grise
qui s’élève
en de tendres buées
et se précise
en fées de rêve
qui m’enlacent et m’emportent au palais des nuées.
L’odeur qui monte de l’étang,
c’est une algue blonde
qui s’enroule et me glisse aux bras de l’onde
en m’endormant.
Tout cela m’invite à dormir, mon Dieu !
Tout cela m’invite à mourir au mieux !
Sommeil et mort expiatoires,
repos fiévreux, repos des veilles de victoire
où se préparera l’éruption soudaine