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POÈME EN PROSE.


Marc Antoine, le seigneur tout puissant, couché sur un tapis d’Orient, reçoit une danseuse. Elle danse dans les rayons du soleil autour d’une fontaine. Les voiles transparents couvrent son corps nu et à ses pieds tintent des bracelets. Au son des flûtes, au chant des voix, elle danse, et les voiles moelleusement l’enveloppent.

Sa tête alourdie par le vin, avec ses cheveux cendrés, s’abandonne jusque sur sa gorge glorieuse. Le seigneur se lève a demi, et s’assied sur sa couche, et d’un coup la musique se tait, les voix s’éteignent, la danseuse s’arrête : ses voiles tombent, et nue et palpitante, elle se laisse embrasser par l’astre qui tombe en rougeoyant.

Nul bruit, à ses pieds l’eau coule doucement sur le sable doré. Tous sortent. Marc s’approche de la belle, ses narines se dilatent, sa poitrine se gonfle, il tend les bras et cueille la danseuse, l’eau claire les reflète…

Avec un froissement léger les roses tombent