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ANTÉE

viens de citer, avaient mis la jeunesse dans ce cas qu’il jugeait maintenant fou, dans le cas de tenter des Vers Libres ?

Toutefois, en cette affaire, les romantiques furent les premiers coupables avec leur césure pour l’œil, avec leurs enjambements à tout bout de champ. Puis, la sécheresse et le manque d’air de la versification des Parnassiens influèrent par contraste. Enfin, les Illummations, d’Arthur Rimbaud, ouvrage extraordinaire, produit d’une précocité monstrueuse et aveugle, vinrent peut-être donner définitivement le branle à la folle sarabande des Vers Libres.

J’ai composé des Vers Libres l’un des premiers, en 1886. Cependant, je m’en dégoûtai vite, ayant senti que cette forme tenait trop à la matière, et que l’ancien vers était non seulement plus grave, mais aussi plus libre.

Je dirai maintenant que l’équipée du Vers Libre ne fut pas sans intérêt. Le trouble qu’elle sema servit à rétablir l’ordre, et nous pûmes retourner, par-dessus les Romantiques et les Parnassiens, à la véritable versification traditionnelle, à la versification classique.

On a parlé, à propos du Vers Libre, de science et de découvertes phonétiques. C’est absurde.