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ANTÉE

très irrégulièrement. On sait que le fondateur du Censeur est M. J. Ernest-Charles. Voici les lignes de M. de Bonnefon :

« M. Ernest-Charles est le seul homme qui mette aujourd’hui de la grâce et de l’art dans l’article politique. Il donne au Gil Blas un chef-d’œuvre petit mais quotidien. Cet écrivain républicain a taillé sa plume dans une épée de marquis du dix-huitième siècle. Elle est simple à force de pureté dans la ligne, précieuse par l’éclat de la poignée et les reflets de la lame. Enfin, elle est si finement aiguisée que la piqûre se voit à peine : une goutte de sang et la victime meurt.

Les hommes politiques qui aiment M. Ernest-Charles, parce qu’ils le craignent, se sont jetés sur le premier numéro du Censeur, dont le succès est fait déjà.

Malheureusement, ce premier numéro a donné quelque tristesse aux amis des lettres. M. Ernest-Charles a fait de notre grand Paul Adam un portrait fort injuste. Juger l’auteur de la Force et de cent chefs-d’œuvre sur un livre de voyage est une injustice tout à fait indigne d’un critique.

Paul Adam se vengera en expédiant à l’injuste censeur son prochain chef-d’œuvre, et M. Ernest-Charles mar­quera son repentir en disant la vérité sur l’écrivain qui a la force, l’impétuosité et le désordre superbes d’un torrent d’idées descendant des hauts monts vers les vallées bourgeoises. »