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ANTÉE

la lecture doit être le plaisir d’un honnête homme et non son tourment.

Une idée, je le veux bien, c’est une manière de choc qui sur une cervelle bien faite amène au jour de la conscience une série de termes conjoints.

Cependant ces termes et leurs liaisons ne sont pas connus de tous, et surtout que les hommes ne se ressemblent pas au point de voir toutes choses de la même façon, et en tirer d’identiques con­séquences.

C’est pourquoi lorsque l’on écrit et que l’on publie un livre il faut supposer que l’on ne ren­contrera pas toujours des cerveaux parfaits, c’est à dire fabriqués sur un immuable modèle, le vôtre, et par conséquent que si l’on ne veut pas perdre le bénéfice presque entier de cet acte, il faut énoncer tout ce que l’on veut dire, et ne rien laisser à deviner.

Penser par sous-entendus, par à peu-près, c’est vouloir faire illusion au vulgaire, s’entourer d’inutiles ténèbres, et ne parler qu’à ses amis, lesquels n’ont aucun besoin de vos raisonnements.

Lorsque l’on découvre un homme qui pense, si cet homme est possédé du mal d’écrire et qu’on le voit perdre son temps à des travaux inutiles, il