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JOURNAL DES LIVRES
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pensée sans repos, toujours en de perpétuels éclairs ; et, comme une sublimité raréfie la matière sur laquelle l’esprit doit s’exercer, en somme une série de vaticinations s’enchaînant les unes aux autres, et qui n’ont d’autre fin que la fatigue de l’auteur et la bonne volonté du lecteur.

Je crains que la pensée pure ne suffise jamais à établir un livre digne de ce nom.

Je vois à cela plusieurs raisons, que je dirai :

Pour lire Cérébraux, il faut faire comme pour Hegel, prendre sa tête à deux mains, et ne pas se laisser distraire. Et non pas à cause d’une logique trop tendue, mais parce que les idées y arrivent au galop, sans ordre, et quelquefois même par simple opposition de contraires.

Ce jeune auteur le proclame : voici la matière de plusieurs volumes. Eh ! que ne les écrit-il ! Je suis un Français du Midi, j’aime les essais bien construits, les pièces de vers qui ont un sens et une suite, les belles périodes, et, pour tout dire, les grands discours et presque la grandiloquence ; c’est pourquoi, il n’est rien qui me choque plus que le désordre et la précipitation, ou seulement une concision trop excessive et qui laisse à peine le temps d’entrevoir les idées.

Je m’élèverai toujours contre ce qui me fatigue :